vendredi 13 novembre 2009

Les 3 frontières










C'est le week-end, et nous avons prévu avec Guilaine, François et leur fils Maxime, d'aller tester notre 4X4 sur la piste des 3 frontières. Nous prenons le départ en début d'après-midi, par la route goudronnée tout d'abord, jusqu'à Ali Sabieh, une petite ville située à 80 kms au sud de Djibouti. C'est là que nous avions initialement prévu de dormir, à l'hôtel de la Palmeraie (où il n'y a pas de palmier !), mais les américains ayant pris possession des lieux, notre guide, Souleman, nous avait trouvé un camp, un peu plus au sud encore, à 30 kms, tout près de la frontière éthiopienne. Nous continuons donc notre chemin, cette fois par la piste, jusqu'à Assamo. Nous quittons les pierres noires de Djibouti, et nous nous retrouvons dans un décor montagneux de terre rouge et ocre, totalement différent. Nous croisons une caravane de charbon. Des somaliens transportent, à dos de chameaux, leur chargement jusqu'à Djibouti, et ramènerons dans plusieurs jours, farine, riz et autres denrées rares dans leur pays. Avant d'arriver au petit village d'Assamo, nous traversons un camp de réfugiés somaliens et éthiopiens. Plus de 200 familles vivent là, dans des toukouls, avec quelques chèvres données par la croix rouge. Les enfants qui nous voient arriver de loin, se précipitent vers les voitures et tendent la main vers nous, ou nous font simplement coucou. Malgré le peu de chose qu'ils ont, leur vêtements déchirés, la poussière qui les couvre, ils sourient de toutes leurs dents. Nous arrivons enfin à Assamo que nous traversons sans nous arrêter. La nuit tombe et nous nous demandons vraiment où Souleman nous emmène dormir. Enfin, nous arrivons chez Daher et sa famille qui nous accueille chaleureusement avec un thé au citron (de son arbre) servi dans des tasses... en bois. Après quelques hésitations dûes aux normes d'hygiène occidentale, ne voulant pas vexer notre hôte, nous buvons ce breuvage... EXCELLENT ! Au dessus de nous, dans la montagne, se trouve le fort d'Assamo, où des militaires surveillent la frontière éthiopienne afin d'éviter les passages illégaux. Ces hommes ont été avertis de notre arrivée par notre guide qui leur a fait passer un courrier par messager: un jeune du village a couru jusqu'au fort pour signaler notre présence aux forces de l'ordre qui à leur tour, ont averti les différents postes frontières par radio. Dans ces régions reculées, il n'y a pas de téléphone ! C'est donc attendus et en toute sécurité que nous allions longer les frontières éthiopienne et somalienne. Daher nous fait visiter les lieux : quelques maisons de pierres, un "wc" (un trou dans le sol entouré de 3 murs et d'une porte), 2 toukouls qu'il nous propose pour la nuit et... c'est tout ! Nous préférons dormir à la belle étoile sous un abri de tole qui empèchera l'humidité de nous tomber dessus au petit matin. C'est l'heure du repas, nous installons des nattes au sol (il n'a pas de chaise et de table !), près du feu qu'il nous a allumé à notre arrivée, et Daher nous sert le repas préparé par sa femme : cabri farci et riz, un régal ! Il s'excuse de ne pouvoir nous proposer une entrée et un dessert qu'il cueille habituellement dans son jardin, car depuis l'été qui brûle tout, rien n'a encore eu le temps de repousser. Demain, une longue journée nous attend, alors tout le monde au lit. C'est sous un ciel étoilé, surveillés par les chiens de Daher qui montent la garde (et sans moustique, chose exceptionnelle), que nous nous endormons. La nuit aura été meilleure pour certains que pour d'autres, (j'ai entendu les ânes poussés des cris toute la nuit), mais c'est bien reposés quand même que nous attaquons notre petit déjeuner, au lever du soleil à 6h00. Au menu, des crèpes djiboutiennes préparées par la femme de Daher qui cuisine depuis 5h00 ce matin. Avant de quitter Daher, nous lui achetons quelques objets de bois fabriqués par les nomades et nous visitons son jardin dont il est si fier. Nous y verrons toutes ses plantations : tomates, carottes, maïs.., etc, son citronier dont on rapportera quelques citrons, son arbre à "brosses à dents" (petites branches emoussées avec lesquelles les djiboutiens se frottent les dents), une barratte accrochée à la branche d'un arbre, et sa "voiture" (traduire : son âne !). Nous le remercions pour son accueil et reprenons le route pour 120 kms de piste. Nous roulons dans l'oued Hadâdou qui sert de frontière entre Djibouti et l'Ethiopie tout d'abord, puis entre Djibouti et la Somalie (ancienne Somalie Britanique beaucoup plus calme que l'ancienne Somalie Italienne). Souleman, nous guide à travers un dédale de pistes où nous ne retrouvrerions pas notre route tout seul ! Circulant "dans" la frontière, nous mettons les pneus en Ethiopie et en Somalie. Nous grimpons ensuite jusqu'au poste frontière de Guistir au croisement des 3 pays, où des militaires nous ouvrent la barrière de barbelés de part et d'autre du fort. Souleman nous explique que pour un militaire, être muté à Guistir est une punition car il n'y a rien autour à près de 20 kms à la ronde (ce qui représente une bonne heure de 4X4). Puis nous reprenons la direction de Djibouti, en passant d'abord par par Ali Addé où la seule construction en dur de cet immense village de réfugiés est la mosquée. Nous quittons les montagnes pour rouler d'un plateau à l'autre. Sur un de ces plateaux, nous nous arrêtons manger notre pique-nique, au milieu de nul part, avant de repartir pour Hol Hol. Dans cette petite ville construite autour du pont de chemin de fer en 1900, les enfants courent derrière notre voiture pour s'y accrocher, ouvrir notre coffre (heureusement prévenu par notre guide, nous l'avions fermé à clé !). Ils ne sont pas méchants mais jouent et se mettent en danger sans s'en rendre compte. Souleman, énervé, est obligé de descendre de voiture pour faire la police et traversera Hol hol à pied à côté de nos véhicules ! On fait une pose à la gare d'Hol Hol pour voir le pont construit selon les plans de Gustave Eiffel, entre deux plateaux à 29 m du sol, où deux fois par jour, passe le train qui relie Djibouti à Addis Abeba (capitale de l'Ethiopie). Depuis Guistir, nous n'avons croisé que 2 camions de transport en commun, dont un arrêté dans un oued, car c'est le seul oued de la région dans lequel il reste encore un peu d'eau, ce qui permet aux passagers de faire leurs ablutions avant la prière, et quelques troupeaux de chèvres et de moutons ! Après Hol Hol, nous suivons la voix de chemin de fer, et passons plusieurs passages à niveaux. La piste est maintenant beaucoup plus large, mais c'est de la "tole ondulée" pendant près de 40 kms. On approche de Djibouti en fin d'après-midi, on retrouve les décharges d'ordures en bord de route et enfin... le goudron ! C'est fatigués, poussièreux, mais contents de notre périple que nous rejoignons notre maison. Peut-être retournerons nous un jour, voir Daher qui nous a proposé de nous héberger une seconde fois gratuitement sous l'immense arbre de son jardin !

1 commentaire:

Nath'à'Lu and Family a dit…

Merci pour ce récit qui m'a rappelé quelques souvenirs, même si déjà 15 ans se sont écoulés depuis que j'y suis passée.
Maintenant, je vais aller voir les photos.
Gros bisous à vous tous